. Qui-se-dépouille, pour finir dans le désert et y crier ? sans fin ? Cette dispersion est peut-être et en définitive, la réalisation d'une unité plus large, celle d'une assemblée, d'une ekklêsia, par la rédemption de ses membres, fût-elle négative comme elle semble l'être pour la famille. Le héros du roman dans La Théorie du roman est également, seul et porte une forme de rédemption du monde, une idée que l'on retrouve de façon encore plus manifeste dans Histoire et conscience de classe où la fonction politique du prolétariat est énoncée comme comme une mission éthique

C. Symptomatique-À and . Égard, qui la déteste en même temps qu'il en regrette le déclin Quoique Pasolini déclare rejeter le réalisme pour décrire Théorème, nous estimons au contraire qu'il l'est profondément, mais au sens défini par Lukács, d'être une objectivation de la réalité historico-sociale du monde. C'est là que réside sa dimension éminemment politique et c'est en ce sens que nous affirmons que Théorème possède un lien étroit avec La Théorie du roman dont il constitue un héritage possible Nonobstant les différences d'époque et de moyens d'expression ? philosophiques (esthétiques) et politiques pour l'un, poétiques (artistiques) et politiques pour l'autre ?, Lukács et Pasolini se rejoignent sur un point : la dimension éminemment politique et anthropologique de l'activité artistique humaine et le caractère fondamentalement politique de l'art. Plus précisément encore, Théorème et La Théorie du roman ont en commun d'être des oeuvre de crise, au sens premier de ce qui sépare : la première guerre mondiale pour Lukács et l'émergence d'un capitalisme inédit pour Pasolini, un néocapitalisme qu'il qualifiera ensuite de « génocide culturel » 39 . Dans ces conditions, la confrontation avec Lukács 40 , et sa défense opiniâtre du « grand réalisme », nous paraît d'autant plus exigible que, comme nous l'avons déjà indiqué, le réalisme n'est pas seulement une catégorie esthétique, que le réalisme n'est pas, insiste Lukács, « un style parmi d'autres différents mais le fondement de toute littérature 41 », 38. F. Farago, op. cit., a limine. 39. La critique esquissée dans Théorème fait entrevoir, selon une perspective cavalière, une confrontation possible avec les travaux de Marcuse ? qu'il évoque d'ailleurs plusieurs fois dans ses essais ? et peut-être aussi d'Adorno, même si on peut présumer que l'inspiration de la critique pasolinienne de ce « néocapitalisme, Enquête sur la donation de l'usine amorcée dans son film Porcile et poursuivie dans les textes rassemblés dans les Scritti corsari et les Lettere luterane leur est peut-être redevable, fût-ce de manière critique. 40. V. Nigdélian-Fabre, « Pétrole » de Pasolini : le poème du retour indique sans toutefois donner plus d'information, que Pasolini a rencontré Lukács à Budapest en janvier 1965 à l'occasion de la projection de son film Il vangelo secondo Matteo (L'évangile selon Matthieu). Indiquons également que dans le poème intitulé « Poésie en forme de polémique Lukács en le rapprochant d'ailleurs de la figure de Sartre. Nos remerciements à Céline Pitavy pour nous avoir signalé ce texte. 41. G. Lukács, La signification présente du réalisme critique, pp.157-208, 1954.