Le paganisme dans La Confession d'un enfant du siècle d'Alfred de Musset
Résumé
Journée des jeunes chercheurs ELH « Métamorphoses du paganisme en littérature »
La Confession d'un enfant du siècle de Musset déplore la faillite de toute valeur suite au déclin du christianisme. Le paganisme, qui postule l'immanence du sens à la vie, y apparaît ou comme un âge d'or définitivement perdu ou comme une perversion de la foi chrétienne. Ainsi, la théorie du désir mimétique, exposée par René Girard dans Mensonge romantique et vérité romanesque, permet de mettre au jour les enjeux du roman à la lumière de la notion de "transcendance déviée". En effet, la Confession renvoie dos à dos les vanités chrétiennes et païennes: un principe d'extériorité s'avère aussi nécessaire à la compréhension du monde et de soi qu'il est inaccessible et incertain, comme le montre la quête de ce double fictif de Musset qu'est Octave de T. La poétique du roman lui-même s'en ressent, ce dernier se coupe de toute extériorité: censé être autobiographique, il se fait autotélique; censé être exemplaire, il s'en tient au récit d'une tranche de vie présentée comme un contre-exemple. L'écriture de Musset, ritualiste, reprend des textes sacrés qu'elle ne parvient qu'à détourner sans ranimer une foi religieuse éteinte, sans accéder à une quelconque révélation. Le sens est impossible à stabiliser: l'autorité de l'écrivain ne résiste pas à la crise métaphysique. Poète désenchanté, le Musset de la Confession se présente comme un écrivain en mal de médiation, qui se prête à contrecoeur au face-à-face moderne entre l'auteur et son lectorat anonyme, face-à-face vécu comme une prostitution.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)