De chair et de verbe. Maïeutique de la transe de possession dans un exorcisme birman
Abstract
L’article interroge le phénomène de la transe à partir du cas de la possession exorcistique en Birmanie. Au cours d’un exorcisme, visant à l’élimination d’un maléfice, l’exorciste cherche fréquemment à provoquer la possession du patient par son ou ses agresseurs (sorcier, sorcière, esprit, etc.) de sorte à dialoguer avec eux et à les soumettre à son autorité. En d’autres termes, pour que l’exorcisme fonctionne, pour que son efficacité opère, il est attendu du patient que, sans prédisposition particulière ni apprentissage préalable, dans un laps de temps très court, il abdique temporairement son être, sa conscience et sa volonté propres, pour devenir l’incarnation pleine et entière, corps et âme, d’un être, voire de plusieurs êtres autres. Plus, le patient ne dispose d’aucun script, culturellement prédéfini, pour l’incarnation de ces êtres de nature maléfique et d’identité variable. L’article décrit comment un exorciste réputé, moine de son état, s’efforce de résoudre le problème. Les développements traitent moins de la transe que du transir, ce processus délicat et balbutiant d’hétérogenèse par lequel un individu dépourvu de toute qualification en la matière est conduit à aller au-delà de lui-même, à transcender l’être-soi afin d’accéder à l’être-autre(s), avec pour finalité et enjeu la cessation de ses souffrances ou des malheurs qui l’accablent. Délaissant les aspects de l’exorcisme non pertinents pour le propos, c’est d’une maïeutique de la transe que le texte rend compte. Au coeur de ce processus se trouve le corps du patient.
Origin : Explicit agreement for this submission