Résistance aux grands projets et émergence d’un capital politique Le cas des déchets
Abstract
Parmi les conflits environnementaux contemporains, ceux associés aux déchets sont les plus virulents car ils suscitent le plus souvent chez les acteurs locaux quatre type de sentiments simultanés : l’injustice, la peur, la méfiance, le dégout. L’annonce de la création d'une installation de gestion des déchets sur un territoire suscite alors de vifs mouvements d’opposition associés au NIMBY par les industriels, les médias et une partie de la communauté scientifique, un phénomène présenté comme un mouvement local privilégiant les libertés individuelles par rapport au bien commun. Toutefois, l’histoire est-elle toujours aussi simple ? Notre cas d'étude est un projet de décharge sur la commune rurale de St-Escobille, en Essonne. A partir de l’analyse de la construction, l’organisation et l’évolution du mouvement d’opposition, nous testons l’hypothèse selon laquelle résister aux déchets peut développer chez les militants un capital politique. Nous soutenons ici que c’est l’imbrication des quatre ressentis et leur inscription dans le temps qui permettent de dépasser le NIMBY pour mener à ce que nous nommons « résistance éclairée ». Nos résultats montrent que la méfiance se meut en capital social; la peur en capital savant; le dégout en capital patrimonial et l’injustice en capital politique. Certaines contestations locales, notamment sur la question des déchets, permettent alors d’enrichir la démocratie en la dotant de valeurs nouvelles et de questionner la notion d’intérêt général.
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