Sous le regard de l’anthropologue : Apport de Bruno Martinelli aux archéo-métallurgistes ouest-africains
Abstract
Dès le début de sa carrière, Bruno Martinelli s’est intéressé à la pluralité technique (1981). Ses travaux sur la production préindustrielle du fer menés au Togo, au Burkina Faso et au Mali entre 1986 et 1994 ont contribué de manière significative aux réflexions sur la définition, la compréhension et la comparaison des techniques sidérurgiques mises en place en Afrique de l’Ouest.
Les archéo-métallurgistes lisent, citent ses recherches et ont souvent invité Bruno Martinelli à participer à leurs colloques et débats (1995, 2008). Considérant « la transmission des techniques [comme] un fait culturel complexe car total » (1995 : 1), il a étudié cette activité humaine non pas en caractérisant un des aspects dont elle relève (technique, culture, organisation sociale, politique et économique) et mais en les faisant discuter ensemble. Cela lui a permis par exemple de montrer une évolution du statut des métallurgistes du Yatenga au cours du temps et ses incidences techniques, économiques et politiques (2002). En prêtant attention à la manière dont les sidérurgistes sont engagées dans leur activité, il a également montré aux archéologues la complexité de ces rapports et la diversité des identités des acteurs impliqués dans la production du fer. Ces « techniques d’une telle complexité, engagées dans une quête d’efficacité, sont d’abord des systèmes de connaissances » (2002 : 165) porteuses d’identité sociale et d’histoire du peuplement.
Notre intervention montrera l’apport et la richesse réflexive des travaux de Bruno Martinelli pour la communauté de ceux qui font parler les vestiges matériels.