Archéologie préhistorique de la partie centrale du Main Ethiopian Rift : contribution à l’établissement de la séquence Late Stone Age d’Afrique orientale - Université Toulouse - Jean Jaurès Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Annales d'Éthiopie Année : 2013

Archéologie préhistorique de la partie centrale du Main Ethiopian Rift : contribution à l’établissement de la séquence Late Stone Age d’Afrique orientale

François-Xavier Fauvelle
O. Marder
  • Fonction : Auteur

Résumé

Le projet "Late Stone Age Sequence in Ethiopia" est dédié à la réunion de nouvelles données sur la Préhistoire récente de la Corne de l’Afrique. Le choix de la région des lacs du Main Ethiopian Rift (qui comprend les lacs Ziway, Abijata, Langano et Shala) a été motivé par plusieurs raisons. Tout d’abord, cette région offre de s’interroger sur le rôle de cet environnement lacustre vis à vis des mutations économiques reconnues en d’autres parties d’Afrique orientale au cours du Late Stone Age. Par ailleurs, nous disposions des documents archéologiques livrés par les sites de Macho Hill et Waso Hill (Humphreys, 1978) ainsi que ceux réunis à Aga Dima (« Red Stone Hill » ; Gallagher, 1977a), la présence d’industries LSA ayant été également auparavant signalée sur les berges de la rivière Bulbula (Street, 1979 ; Brandt, 1986). Autre point de comparaison utile, c’est également dans cette région qu’ont été décrites certaines industries sub-contemporaines, en particulier sur le site de Dalacha, au pied du volcan Alutu, comme auprès d’artisans tanneurs utilisant couramment, il y a encore quelques décennies, des grattoirs à peaux armés de tranchants d’obsidienne (Gallagher, 1972, 1974 et 1977b). Enfin, il s’avère que cette région des lacs du Main Ethiopian Rift (MER) a bénéficié de plusieurs programmes permettant de disposer d’une couverture géologique et environnementale, en particulier de nombreux référentiels pédo-sédimentaires (Laury et Albritton, 1975 ; Street, 1979 ; Le Turdu et al., 1999 ; Benvenuti et al., 2002). Afin de répondre à cet objectif, plusieurs campagnes de terrain ont été conduites depuis 2007 dans cette région, profitant des différents contextes d’enregistrement géologique qu’elle recèle et, en particulier, les contextes fluvio-lacustres de la plaine de la Bulbula. Cette zone offre en effet un terrain très propice à l’étude de la relation de l’Homme avec son milieu naturel et ses variations, parfois brutales, qu’il s’agisse des fluctuations hydrométriques comme des phénomènes de type « catastrophiques » imputables à l’activité volcanique. La mise en œuvre d’un programme pluridisciplinaire dans une région possédant donc une haute résolution d’enregistrement sédimentaire, a permis de compléter significativement le cadre géomorphologique et géologique de cette zone, concourant à l’établissement d’une séquence stratigraphique au sein de laquelle ont été découverts plusieurs nouveaux sites archéologiques. Nous sommes ainsi en mesure de restituer la séquence géologique de cette zone au cours des derniers 40 milliers d’années environ et de documenter l’existence de trois phases d’occupation préhistorique, qui correspondent chacune à trois épisodes de régression lacustre durant lesquels les conditions n’étaient cependant pas trop aride pour permettre l’installation humaine : - La première de ces phases, antérieure à 25 000 BP (B1s3 et B4), a pu être datée de 29 000 BP environ dans le secteur du Deka Wede (DW1). Elle correspond à une expression du MSA final. - Postérieurement, les conditions d’aridité s’accentuent, tandis qu’un épisode de volcanisme important est attesté (Abernosa pumice member) ; durant cette période comprise entre circa 25 000 et 15 000 BP, aucune trace d’occupation humaine n’a été décelée dans la plaine de la Bulbula et il faut attendre les deux derniers millénaires du Pléistocène pour retrouver des témoignages archéologiques significatifs, appartenant cette fois-ci au LSA. - Une seconde phase d’occupation humaine intervient en effet entre la fin du Pléistocène et le début de l’Holocène, soit entre 12 000 cal BC (B1s4 et B1s1) et 10 000-9200 cal BC environ (DW2s1 et DW2s2). Il faut toutefois souligner que, une nouvelle fois, l’occupation humaine de cette zone paraît s’interrompre lors de l’épisode aride du Younger Dryas qui sépare ces deux ensembles. - Après 9200 cal BC, l’accroissement de l’humidité entraîne la grande transgression holocène, qui repousse sans doute les occupants de la vallée sur les rebords du « Macrolake », lequel se maintient de façon continue jusqu’à 3500 cal BC au moins. - Suite à la dernière régression lacustre, intervenue après 3500 cal BC, cette zone est de nouveau occupée mais, archéologiquement, il faut attendre le début de notre ère pour retrouver des contextes livrant des traces d’occupation humaine correctement stratifiées (B1s2, 7-8e siècles AD). L’enregistrement archéologique que nous sommes parvenus à établir dans la plaine de la Bulbula est donc par essence discontinu, puisqu’il témoigne de phases d’occupation rythmées par les grands cycles climatiques de transgression et de régression lacustre ou, corrélativement, de plus ou moins forte aridité ; la présence humaine fut également dépendante des épisodes volcaniques qui ont pu momentanément bouleverser les conditions de vie dans cette zone. Toutefois, chacune des phases d’occupation décelées apportent des éclairages nouveaux à la connaissance de la Préhistoire éthiopienne, qu’il s’agisse de contribuer à l’identification d’une phase finale du MSA lors de l’OIS3 comme de documenter la diversité des expressions du LSA à la charnière du Pléistocène et de l’Holocène. Parallèlement, un programme complémentaire a été développé, qui concerne la gîtologie des sources d’obsidienne environnantes, notamment celles du volcan Alutu, dont nous avons tâché d’apprécier l’accessibilité et l’exploitation au cours du temps. Notre mission a également apporté un soutien logistique à une enquête ethnographique sur la production céramique régionale, dont l’un des objectifs a été d’établir un référentiel indispensable à l’interprétation des vestiges préalablement découverts dans les contextes archéologiques les plus récents.
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Citer

François Bon, Asamerew Dessie, Laurent Bruxelles, Axel Daussy, Katja Douze, et al.. Archéologie préhistorique de la partie centrale du Main Ethiopian Rift : contribution à l’établissement de la séquence Late Stone Age d’Afrique orientale. Annales d'Éthiopie, 2013, 28 (1), pp.261-297. ⟨10.3406/ethio.2013.1538⟩. ⟨hal-02017879⟩
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