Quand tombe la frontière… Appropriation mémorielle et processus de patrimonialisation du « mur de l’Atlantique » en Normandie occidentale
Abstract
The concept of frontier could have radically changed, sometimes leading to the rapid construction of fortifications, like the coastal defenses built in 1940 in Western Europe by the German forces and popularized as the "Atlantic Wall". This architectural achievement, provided a defensive function and some propaganda material to the Nazi regime. Over the decades, this heritage from the dark time of the Occupation was a part of a continuous process of patrimonialization, driven by the development of memory tourism as part of a regional development strategy. This contribution proposes to return to the management of these vestiges, by focusing in particular on the D-Day landing beaches and the future of the "Atlantic Wall" in Normandy, to publicize the action of the public authorities, especially the role of the Historic Monuments Service since the end of the WW II. From building’s reuse in a devastated region by the fighting to the need of memory, this article exposes the various factors which contributed to the progressive patrimonialization of these vestiges.
Par le jeu des conflits militaires, la notion de frontière a pu évoluer radicalement, conduisant parfois à l’édification rapide de fortifications, à l’image des défenses côtières construites dès 1940 en Europe occidentale par les forces allemandes et popularisées sous le vocable de « mur de l’Atlantique ». Cette réalisation architecturale a assuré une fonction défensive tout en fournissant matière à propagande au régime nazi. Au fil des décennies, ce legs des heures sombres de l’Occupation est entré dans un processus continu de patrimonialisation, porté par le développement du tourisme de mémoire dans le cadre d’une stratégie de valorisation du territoire régional. Cette contribution revient sur la gestion de ces vestiges, en se focalisant plus particulièrement sur les anciennes plages du Débarquement et sur le devenir du « mur de l’Atlantique » en Normandie, de faire connaître l’action des pouvoirs publics et, plus particulièrement, le rôle du service des Monuments Historiques depuis la fin de la guerre. De la réutilisation du bâti dans une région dévastée par les combats jusqu’à la fixation de la mémoire sur les derniers témoins de la bataille, cet article expose les différents facteurs ayant contribué à la progressive patrimonialisation de ces vestiges.