Création de particularismes et fabrication d’authenticité - Université Toulouse - Jean Jaurès Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2019

Création de particularismes et fabrication d’authenticité

Résumé

Au tout début des années 1970, dans le Sud-Ouest de la France, comme ailleurs sur le territoire au même moment, de même qu’en Europe un peu plus tôt, on assiste à un regain d’intérêt pour les « traditions musicales ». Des savoirs musicaux et chorégraphiques sont réinterprétés, donnant naissance à une pratique largement amateur. Nourrie d’une adhésion aux thèmes de l’occitanisme moderne, – régionalisme occitan de gauche dont le discours s’est radicalisé au tout début des années 1960 –, et prenant ses distances avec les groupes folkloriques, dont la proposition, jugée « passéiste » est réduite sans nuances à la seule activité de spectacularisation, cette réinterprétation est portée par le sentiment de créer quelque chose de nouveau sur un mode contestataire. Divers sont les chemins explorés par un collectif au sein duquel s’entremêlent plusieurs réseaux d’acteurs, associatifs et institutionnels, faisant émerger un « monde de l’art », peuplé de collecteurs, danseurs, formateurs, musiciens, animateurs, fabricants d’instruments de musique, producteurs discographiques, associations ou encore institutions et collectivités territoriales pourvoyeuses d’aides financière et matérielle. Au cœur d’un projet aussi bien politique que culturel, l’activité dite de « collectage », consistant à recueillir, à l’aide du magnétophone, des données sur la société rurale d’avant 1914 auprès d’interlocuteurs institués porteurs de « tradition », est une voie, non exclusive, choisie par certains acteurs. Loin de l’approche distanciée des folkloristes du XIXe-début XXe siècle, les collectes sont orientées par les sensibilités individuelles, créant chez certains des domaines de spécialisation. C’est plus particulièrement la question de la collecte musicale que nous interrogerons ici. Clé de voûte d’un processus de réappropriation culturelle et de construction identitaire – collecter c’est aussi se chercher des modèles, apprendre à être, devenir musicien –, cette activité qui consiste à créer les conditions de réactivation de la mémoire des anciens sert également le développement de la fabrication instrumentale. L’enquête orale, complétée d’un travail d’investigation élargi aux objets et à toutes autres traces attestant d’une ancienne pratique instrumentale, a notamment pour objectifs de recontextualiser la pratique dans une aire géographique et un calendrier festif, recomposer les répertoires, révéler des techniques de jeu, et faire renaître, à travers les anecdotes, la figure de ce musicien que l’on qualifie de « traditionnel ». Tout en répondant à une demande, en faisant sonner à nouveau des instruments disparus ou tombés en désuétude, le projet vise à particulariser comme « gascons » des instruments de musique dont les principes organologiques sont attestés ailleurs en France et dans le monde.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02151630 , version 1 (09-06-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02151630 , version 1

Citer

Bénédicte Bonnemason. Création de particularismes et fabrication d’authenticité : Collecte musicale et facture instrumentale en Sud-Ouest de la France dans les années 1970-1980. Collecter, conserver, exploiter les musiques de tradition orale en France et en Europe méridionale : « l’âge patrimonial » (1970-2000), Centre international de recherches interdisciplinaires en ethnomusicologie de la France (CIRIEF); Ethnopôle occitan - Centre international de recherche et documentation occitanes (Cirdoc-InOC); Laboratoire d'anthropologie et d'histoire de l'institution de la culture (LAHIC)-Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC - umr 8177, EHESS-CNRS), Jan 2019, Marseille, France. ⟨hal-02151630⟩
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