J. , Si Baudelaire se ressaisit de la posture traditionnelle du poète-victime, elle n'investit plus chez lui qu'une fonction sociale qui interdit au poète l'accès à un destin individuel. La posture du souffre-douleur, pour laquelle la douleur reste énigmatique, constitue alors la seule voie d'accès à ce destin individuel qu'est la poésie. Puisque chez Baudelaire chacun est seul dans la foule, l'écriture poétique permet de donner du sens à sa douleur

, ouvre une piste de réflexion sur la religion de Baudelaire en même temps qu'elle interroge l'existence d'une troisième posture du dolorisme baudelairien : celle du martyr. Cette troisième posture distinguerait Baudelaire, en quête de « l'héroïsme de la vie moderne 37 » de Saint Bonnet qui pense que « la vertu, La compassion du poète, qui lui permet de souffrir dans d'autres que lui-même

, Il conviendrait pour clore cette étude des postures de revenir sur le poème de « L'Albatros », déjà cité, et d'en étudier la chronologie. Le poème n'apparaît que dans la réédition des Fleurs du Mal en 1861, et Claude Pichois indique que « le problème posé par cette pièce d'anthologie (et considérée comme telle dès 1862) est celui de la 35 A, p.69

J. Starobinski and L. Miroir, 37 C. BAUDELAIRE, OEuvres complètes. II / Baudelaire ; texte établi, présenté et annoté par Claude Pichois, p.407, 1989.

A. De-saint-bonnet and . De-la-douleur, , p.59

, ] est-il donc un poème de jeunesse (1841-1842) ou un poème de la maturité, La réponse est double. 39 » Selon lui, le poème date du voyage de Baudelaire jusqu'aux îles Mascareignes, 1859.

, Dans le troisième quatrain -l'ajout tardif -, deux changements de point de vue s'opèrent : l'attention du poète se porte d'abord sur un oiseau précis, au singulier, et le rappel de sa majesté au ciel sert le contraste avec sa situation présente. Baudelaire rappelle la présence des bourreaux et précise la double nature des souffrances de l'oiseau : physique avec le « brûle-gueule », morale avec le mime boiteux. C'est alors seulement que le poète s'identifie à l'oiseau : une victime aux douleurs physiques et morales, qui, appartenant à une classe d'inadapté qu'il faut plaindre, supporte également la douleur d'une chute et d'une dégradation de sa condition, et Baudelaire insiste sur leur caractère inadapté au sol avec trois termes empathiques : « maladroits », « honteux » « piteusement ». Les oiseaux sont des victimes à plaindre