La fluence chez les bilingues précoces : indicateur de la compétence linguistique ou communicative ?
Abstract
En tant que caractéristique primaire de l’évaluation des performances linguistiques en langues maternelle et seconde (Lennon, 1990 ; Wolf, 2008 ; Wood, 2010), la fluence est au coeur de notre étude portant sur les productions orales chez les jeunes enfants bilingues franco-russes, âgés de cinq ans, nés et vivant en France (Tiulkova, 2017).
À l’instar de Caroll (2017) et De Houwer (2017), nous distinguons deux types de bilingues précoces et les étudions séparément : (1) les enfants bilingues issus de familles mixtes (BFLA, Bilingual First Language Acquisition) ayant deux langues auxquelles ils sont exposés dès leur naissance et (2) ceux qui vivent dans des familles monolingues russophones (ESLA, Early Second Language Acquisition). Ils entendent uniquement le russe à la maison et le premier contact avec le français se fait à l’extérieur (De Houwer, 2009).
Afin d’évaluer leur performance à l’oral, nous nous sommes penchés sur les mesures suivantes : la fluence de rapidité, la fluence de répartition, la fluence de réparation et la fluence composée (De Jong, 2013 ; De Jong et al., 2013 ; Skehan, 2003 ; Tavakoli, 2016).
Les résultats démontrent que le français est une langue dominante chez les enfants bilingues précoces qui sont scolarisés en français, alors que les enfants ayant l’input plus élevé en russe ont le russe en tant que langue principale et préférée. Cependant, nous avons conclu que la fluence à l’oral reflète plus la compétence communicative que linguistique.
Cette situation particulière nous permet de comparer les apprenants russophones du français langue étrangère ainsi que les francophones qui apprennent le russe car les difficultés que les enfants bilingues éprouvent, dans une langue ou une autre, sont comparables aux difficultés des apprenants en LE.