, Pirandello déclarait à Benjamin Crémieux à l'occasion de la publication de Vieille Sicile en 1928 : « Vous désirez quelques notes biographiques sur moi et je me trouve extrêmement embarrassé pour vous les fournir

, mais exactement rien, sur ma vie, si ce n'est peut-être que je ne la vis pas, mais que je l'écris. De sorte que si vous voulez savoir quelque chose de moi, je pourrais vous répondre : Attendez un peu, mon cher Crémieux, que je pose la question à mes personnages. Peut-être seront-ils en mesure de me donner à moi-même quelques informations à mon sujet. Mais il n'y a pas grand-chose à attendre d'eux. Ce sont presque tous des gens insociables, qui n'ont eu que peu ou point à se louer de la vie. » : lettre dactylographiée, Fonds Charles Dullin, vol.17, pp.4-42

D. Pour and . Moncond'hui, Il existe divers exemples de « tombeaux cinématographiques » proposés par Francis Vanoye dans L'Adaptation littéraire, parmi lesquels Marker (Le Tombeau d'Alexandre, 1993, sur Medvedkine), Moretti (Caro Diario, 1994, sur Pasolini), Angelopoulos (Le Regard d'Ulysse, 1995, sur les frères Manakis) ou Godard (Histoire(s) du cinéma, 1998), ainsi que des « tombeaux littéraires sur le cinéma, p.139, 1994.

I. Caven, , 2000.

F. Vanoye, L'adaptation littéraire, p.140

, Mal di luna », le regard de Saro sur Batà le pousse à le protéger alors même qu'il était censé devenir l'amant de Sidora. L'attitude de Zi' Dima, qui résiste à Don Lollò dans « La giara », va provoquer le rire des paysans aux dépens de leur patron redouté. Enfin, les carabiniers employés à faire évacuer le cimetière improvisé par les paysans dans « Requiem aeternam dona eis, Domine ! », déjà enclins par le contexte à déroger aux directives, vont finir par renoncer devant l'obstination du patriarche et l'astuce utilisée in extremis pour les faire s'éloigner. Tous ces changements de perspective convergent dans l'affirmation consolante de la mère à son fils dans l'épilogue, qui donne en quelque sorte une touche finale au « tombeau » construit par les frères Taviani : les images finales des enfants en train de jouer sur la pente de l'île de pierre ponce au milieu de la mer incitent à retrouver un point de vue juste sur l'existence, travers les évocations croisées de Garibaldi et du féroce bandit Cola Camizzi, et surtout celui porté sur la mère et sur son fils par le jeune médecin) sont réinterprétés

«. Le and . Tombeau, est à la fois un lieu de rapprochement et de prise de distance, et son intérêt réside dans le fait qu'il est l'occasion d'établir un « [?] lien entre le(s) mort(s) et les vivants », comme l'interprète Francis Vanoye. Le film des Taviani est un hommage à la poétique de Pirandello pour l'oeuvre que celui-ci a consacrée tout entière à la souffrance des êtres, à leur incapacité à s'adapter à une existence difficile, voire cruelle, qui nous fait constater l'infinie fragilité de l'être au monde, jusqu'à sa cruauté