, ce qui a été l'un des éléments pour en faire, abusivement, des sociétés « sans histoire »). En somme, leurs lieux d'histoire sont nos lieux de savoir

, Elle est toujours évoquée en termes de flux, d'accroissement, de perte. C'est un peu la manière dont nous parlons, en Occident, des processus vitaux. Il ne viendrait en effet à l'esprit de personne de penser la vie sur le registre de la localisation spatiale, mais bien plutôt sur celui des séquences (les âges de la vie), des sensations (se sentir vivant ou non), des intensités

, on la pense « naturellement » de façon chronologique -alors qu'elle est si peu chronologique rappelait Proust. Or, ce registre est exactement celui dont les Telefolmin ou les Baktaman usent pour traiter des phénomènes de connaissance 12 . Ils sont chargés d'un sentiment prégnant de lente dégradation, de perte progressive d'intensité, de menace de la disparition : les connaissances secrètes des initiations sont menacées par les enquêtes des anthropologues, les questions des missionnaires, etc. ; elles sont soumises aux accidents et peuvent se perdre suite à la

, Cette vision des choses, qui unit processus vitaux et processus de connaissance (grandir, c'est savoir : les initiations délivrent des connaissances secrètes en même temps que l'accès à l'âge adulte, la possibilité de se marier, d'avoir des enfants, etc.), possède son lexique. Chez les Telefolmin, il existe un terme pour qualifier ce trend général de la vie et du savoir : biniman, littéralement « devenir rien ». C'est vraiment une conception du savoir qui le saisit comme fait d'une multiplicité d'événements

«. Le-savoir-n'a-pas-de-lieu-»-disait-le-refran-castillan and . Si, pero pesa » -oui mais il pèserétorquaient ironiquement les Espagnols en référence justement aux lourds volumes des bibliothèques. A l'issue de notre parcours, cette répartie amusée prend un autre écho. Peser sans occuper, être là sans avoir lieu : voilà une troisième série de propriétés d'un espace non géométrique qui qualifie à mon sens de la façon tout

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