, Ce mouvement se poursuit au XVe siècle, et plus particulièrement à travers le clair-obscur, qui a une valeur psychologique latente en ce qu'il suggère fréquemment des états d'entre-deux, entre veille et sommeil, réalité et illusion, joie et tristesse? Ainsi le clair-obscur révèle l'ambiguïté fondamentale de toute tentative d'introspection et suscite un approfondissement du sens en invitant à dépasser l'opposition manichéenne et traditionnelle entre Bien et Mal, lumière et obscurité. Au lieu de se définir par rapport à la lumière dans un rapport d'exclusion, l'obscurité fait sens avec elle, dans un rapport d'inclusion. Sans oublier la valeur spirituelle traditionnellement attribuée à la lumière par les mystiques et les théologiens, René, en suggérant à travers les sensations lumineuses et leurs variations tout un paysage mental, donne à la lumière une dimension humaine qui traduit l'affirmation du sujet, doué d'une sensibilité rétinienne. Si Doux Regard est absent du cortège des personnages allégoriques, René ne manque pas de transcrire l'action du regard, autant le sien que celui de ses personnages, regard qui se fait particulièrement doux dans les moments subtils du clair-obscur. En outre, le choix du clair-obscur aurait une signification politique, à en croire D. Poirion : « En face de la Bourgogne d'un luxe insolent, à l'échelle de la Toison d'or, René se distingue par le goût et l'élégance de ses choix, su donner de tels effets magiques aux clairs-obscurs 19

. Ibid, Cette recherche témoigne aussi de l'émerveillement éprouvé par le peintre flamand découvrant la lumière du Midi (les miniatures du ms de Vienne ont probablement été exécutées à la cour provençale de René), p.90

«. Le-thème-de-la-lumière, , p.118, 1968.

. Op and . Cit, Les recherches de F. Piponnier font apparaître la prédilection de René pour les camaïeux de noir et de gris, éventuellement nuancés de brun, sur lesquels peut trancher l'éclat de l'écarlate et du cramoisi (Costume et vie sociale. La cour d'Anjou, XIVe-XVe siècle, Ne retrouvet-on pas là les termes chromatiques du clair-obscur, pp.72-75, 1970.