La nouvelle à l'épreuve du roman médiéval
Abstract
Le "Livre du Chevalier errant" (fin du XIVe siècle), très composite, permet d'observer comment se déploie une esthétique du bref dans le long. Dans une trame allégorique commode, Thomas de Saluces intègre de multiples matériaux narratifs puisés dans ses domaines littéraires favoris. Certaines de ces insertions narratives constituent, avant la lettre, des nouvelles et illustrent diverses tendances de l'écriture narrative à la fin du Moyen Âge : combinaison de sources (histoire de Griselidis), résumé d'une branche romanesque (Caradoc), rassemblement de fragments disséminés dans une œuvre antérieure (la demoiselle d'Escalot), développement d'une anecdote (la dame aux trois perroquets), continuation (Guillaume de Saluces). Les "nouvelles incidentes" constituent des péripéties de l'intrigue, tandis que les "nouvelles insérées" constituent un véritable décrochement narratif.