Devenir victimes : quand des femmes témoignent pour la reconnaissance et la réparation des souffrances subies au Bon Pasteur - Université Toulouse - Jean Jaurès Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Genre, sexualité & société Année : 2021

Becoming a victim: When women testify for the recognition and compensation of their suffering at Bon Pasteur

Devenir victimes : quand des femmes témoignent pour la reconnaissance et la réparation des souffrances subies au Bon Pasteur

Résumé

Former residents of the Bon Pasteur religious congregation are now denouncing their confinement when teenagers. Based upon ten life histories collected in 2018 and 2019, this article studies the emergence of a feeling of suffered violence, the process of its individual and social acknowledgment as well as its impacts on their identification and construction as subjects. These ten women were born between 1945 and 1963. They have been placed in the institution when children because they were considered “delinquent” or victim of their family or social background. Most of them spent several years between the narrow walls of the religious institution, suffering institutional violence and sometimes abuse. Although their socialization and position didn’t encourage them to speak up in public, from now on their voices are getting heard, audible and recognized. But how do these life stories emerge fifty years after their stay in the institution? And what are their meanings and consequences? Analyzing the production and diffusion of their speech, I show how these women succeed in building and using a feeling of unfairness, allowing them to be acknowledged as victims of their parents and/or of the institution, and allowing them to ask for compensations and new social rights for themselves and for the others.
Des femmes prises en charge pendant leur enfance par la congrégation du Bon Pasteur dénoncent aujourd’hui leur enfermement. À partir de dix récits de vie collectés en 2018 et 2019, cet article s’intéresse à la formation du sentiment d’une violence subie, ainsi que le processus qui permet sa reconnaissance individuelle et sociale, et ses effets dans les modes d’identification et de subjectivation. Les dix femmes rencontrées, nées entre 1945 et 1963, ont été placées en institution lorsqu’elles étaient mineures parce qu’elles étaient jugées « délinquantes » ou victimes de leur milieu familial et social. La plupart ont passé plusieurs années entre les murs de l’institution religieuse, subissant la sévérité des règles de l’institution et, parfois, les maltraitances des religieuses. Alors que leur socialisation et leur position ne les encourageaient pas à la prise de parole publique, leurs voix se font désormais entendre – gagnant en ampleur et en reconnaissance. Mais comment émergent ces discours et récits, plus de cinquante ans après leur passage en institution ? Et quels sont leur sens et leurs effets ? En analysant leurs paroles, leur production et leur diffusion, je montre comment ces femmes parviennent à construire et à mobiliser un sentiment d’injustice leur permettant d’être reconnues comme des victimes de leurs parents ou de l’institution et de revendiquer, pour elles et pour autrui, des réparations et de nouveaux droits sociaux.

Dates et versions

hal-03545757 , version 1 (27-01-2022)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

Citer

Hanan Sfalti. Devenir victimes : quand des femmes témoignent pour la reconnaissance et la réparation des souffrances subies au Bon Pasteur. Genre, sexualité & société, 2021, Intimités, 26, pp.155-170. ⟨10.4000/gss.7039⟩. ⟨hal-03545757⟩
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