Résumé : La fouille d’archéologie préventive du gisement du Clos de Roque de 2011, à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume dans le Var, a permis de mettre au jour sur une emprise de 11200 m2 des vestiges pré et protohistoriques. Ces dernières années, de nombreuses fouilles ont été réalisées dans la partie méridionale du bassin de Saint-Maximin et l’opération du Clos de Roque appartient à cette dynamique. Elle a apporté une documentation variée qui permet d’envisager de compléter et de complexifier les résultats obtenus pour cette micro zone géographique. Les occupations diachroniques mises au jour illustrent ainsi des continuités et des différences dans la gestion de l’espace des groupes successifs de population, dans leur mode d’implantation et d’exploitation de cette partie du bassin de la première moitié du Ve millénaire avant notre ère jusqu’au début du premier âge du Fer. Ces découvertes s’insèrent également dans un contexte plus large en documentant des temps de « transitions » de la préhistoire méridionale, comme le Néolithique moyen dans sa phase ancienne et le Néolithique récent. Des éléments architecturaux, comme des puits (Néolithique récent), des caves-silo (Néolithique final) ou des plans de bâtiment et de structurations de l’espace (Bronze ancien), permettent de recenser et d’étudier des
structures encore rarement reconnues dans cette zone provençale. La découverte de sépultures, attribuables à la phase ancienne du Néolithique moyen a donné l’occasion d’identifier des gestions différentielles dans le traitement des défunts qui annoncent celles reconnues pour des périodes ultérieures. La diversité des mobiliers céramiques, lithiques ou autres, apporte des informations sur l’appartenance de ces populations à des groupes humains plus larges et permet d’entrevoir des réseaux d’échanges à longue distance de certains matériaux, de façon concomitante à l’exploitation des ressources disponibles à l’échelle locale. L’étude de ces différents matériaux nous engage à envisager une continuité des traditions dans les techniques de productions et dans les zones d’approvisionnements de certains de ces groupes humains. La conservation, dans le fond des puits, dans un milieu humide de certains éléments comme des graines, du bois, des feuilles ou des exosquelettes d’insectes, a également apporté une image relativement précise de l’environnement immédiat du gisement pour le Néolithique récent. Les différentes données collectées permettent ainsi de proposer pour chacune des périodes une vision à la fois locale et extrarégionale de l’insertion et de la gestion de l’environnement des groupes
humains dans le bassin de Saint-Maximin et plus largement en Provence et dans le sud de la France.