Les sourcils bleu sombre du fils de Kronos : du Zeus d’Homère à la statue de Phidias
Abstract
Dans l’Antiquité, on avait coutume de dire, à propos du colosse chryséléphantin d’Olympie réalisé au Ve siècle avant J.-C. par l’un des plus célèbres sculpteurs de l’époque classique : « C’est le Zeus d’Homère que Phidias a sculpté ». Une telle formule laisse entendre que l’œuvre de Phidias a été la simple traduction plastique d’un modèle anthropomorphe directement fourni par la tradition épique. Le sculpteur lui-même aurait d’ailleurs reconnu sa dette à l’égard d’Homère, comme en témoigne une anecdote rapportée par Strabon. Celle-ci nous servira de point de départ pour saisir la nature du rapport, plus complexe qu’il n’y paraît, que l’effigie chryséléphantine entretient avec la tradition épique. L’article montre en effet que Phidias n’a pas cherché pas à reproduire fidèlement un modèle visuel tiré des épopées homériques : il a employé ses propres outils pour donner à voir la dunamis du Kronide, telle qu’elle se déploie dans l’Iliade, dès le chant I. C’est en jouant sur le sensible (couleurs, matières, lumière, traitement de surface, odeurs,…) que le sculpteur est parvenu à susciter la même fascination (thauma) que les vers d’Homère – à rendre tangible la splendeur divine. Cela explique le grand succès connu par l’œuvre phidienne.
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