L'amour, une utopie ? De Guillaume de Lorris à René d'Anjou
Abstract
Cet article considère dans quelle mesure il est possible de lire le "Roman de la Rose" de Guillaume de Lorris comme une utopie courtoise prônant un art de vivre et d’aimer idéal. L’espace et la société décrits par le romancier semblent reproduire plusieurs invariants de l’imaginaire utopique, sans toutefois atteindre la perfection. L’analogie entre l’utopie et l’allégorie confirme que le projet courtois de l’auteur ne peut finalement être réalisé qu’en pensée. Plus de deux siècles après Guillaume de Lorris, à une époque de crise de la courtoisie, René d’Anjou, fervent lecteur du "Roman de la Rose", démarque sur le mode ironique le parcours de l’Amant dans le "Livre du Cœur d’amour épris", vouant l’apprentissage amoureux à la désillusion. Par le biais du jeu intertextuel, le roman de René d’Anjou élabore une contre-utopie qui dévoile les impasses de l’idéal courtois.